Françoise Bourdin QUELQU’UN DE BIEN Éditeur : Belfond – mai 2020 EAN : 978-2714481382 |
Classé définitivement dans la catégorie « feel good » les ouvrages de Françoise Bourdin se ressemblent et s’assemblent, dessinant une structure « en toile d’araignée » dont il est vraiment difficile de s’extraire ; et nous voici piégés pour quelques heures de lecture ininterrompues.
L’ouvrage, dont il est question en couverture, constitue peut-être la clef de voûte d’un édifice initiatique construit au fil des années par cette romancière prolifique et acharnée au travail. Le titre « quelqu’un de bien », pourrait apparaître futile, voire anodin ; or chacun des personnages de ce récit (marqueur des prémices du 21e siècle) porte en son for intérieur « quelqu’un de bien ». Le lecteur non avisé saura-t-il discerner – au cœur de ce roman – la noblesse des êtres humains, qui, par leur amour, leur enthousiasme, leurs sacrifices, mais également aussi parfois leur fulgurante frivolité, permettront d’exalter la beauté intérieure de l’héroïne principale de cet écrit. Jeune médecin de campagne dans un désert médical « très contemporain !… », Caroline porte avec intelligence, courage et subtilité le titre et la charge qui lui incombent grâce aux liens familiaux, amoureux et/ou amicaux tissés au fil des années et qui lui ont octroyé une certaine invincibilité. Au-delà de ce récit qui nous est délivré par l’intermédiaire de dialogues entrelacés de descriptions sommaires, l’aspect philosophique de cette romance pourrait nous échapper. La face sombre et cachée de ce roman s’exprime par un style lapidaire nous invitant à comprendre que le libre arbitre de chaque individualité demeure en coexistence avec une adaptation aux règles de la communauté qui l’a adoptée. Nous ne sommes pas nés égaux, mais dans l’espace discrètement aride et outrancièrement ouaté composé par Françoise Bourdin, « LES ÊTRES HUMAINS POURRONT FINALEMENT SUBLIMER LEURS PULSIONS CONTRADICTOIRES ». D’autres mondes existent, d’autres communautés cohabitent. La religion (lorsqu’elle ne porte pas la marque de la radicalisation) exerce son pouvoir et propulse sa morale pour que nous parvenions à supporter l’insupportable. De ce point de vue, elle me paraît « personnellement » indispensable et thérapeutique pour le jeune en devenir d’être adulte. Mais, en amont de la morale, sur les cimes des épreuves acceptées ; les philosophes stoïciens et/ou rationalistes déistes nous ouvrent la porte d’une liberté dépourvue de gloire mais par laquelle chacun pourra rencontrer – AU-DELÀ DU MOI – « Quelqu’un de bien ». |
Béatrysse Dartstray |