L’ÉTHIQUE EXPLIQUÉE À TOUT LE MONDE- Roger-Pol Droit

L'éthique expliquée à tout le monde - Roger-Pol Droit
Roger-Pol Droit
L’ÉTHIQUE EXPLIQUÉE À TOUT LE MONDE
Éditeur : Le Seuil – mars 2009
EAN : 978-2021178227
Monsieur Roger-Pol Droit s’exprime – en ce manuel – sur un registre d’une tonalité professorale pour nous expliquer en termes historiques, sociologiques et linguistiques l’évolution de la signification du monème qu’il souhaite soumettre à l’entendement de tous comme le souligne l’intitulé inscrit sur la première couverture du titre de ce livre édité en 2009 mais qui se trouve revivifié par l’inquiétude et les interrogations qui accompagnent les progrès fulgurants des mathématiques, de l’astronomie, de la physique/chimie, de la biologie et de la sociologie.
La bioéthique qui s’est imposée autour des années 1960 supervise les modalités de recherche et d’adaptabilité de ces évolutions pour en définir les limites temporaires en fonction de paramètres qui nous paraissent extrêmement difficiles à déterminer.

Pour définir le mot « ÉTHIQUE » monsieur Roger-Pol Droit nous invite à effectuer un voyage dans le passé et notamment chez les Grecs de l’antiquité où se trouverait la racine « Èthos » du monème en question.
Èthos signifia en premier lieu HABITAT mais aussi (Dans un sens très général) la manière d’habiter l’espace pour les espèces animales et/ou humaines en fonction des périodes désignées.
Ultérieurement et à partir de la racine précédemment stipulée nous découvrons l’adjectif « èthikè » que l’on pourrait traduire par « comportemental ».
Aristote créa ainsi l’expression « Èthikè théôria » ou contemplation comportementale.
Pour les Grecs anciens l’ÉTHIQUE était donc configurée comme une science évaluant les comportements me semble-t-il de manière essentiellement descriptive.

Cependant la contemplation du comportement les conduisit à la réflexion voire à la méditation.
Si le comportement des animaux non domestiques ne relève pas directement de nos systèmes de valeurs, nos conduites humaines sont ou doivent être soumises à certains principes définis comme « moraux » ou « éthiques ».

En poursuivant notre voyage spatio/temporel pour arriver avec Cicéron chez les Romains, ce dernier traduisit « Èthikè théôria » (hérité d’Aristote) pour parvenir (en latin) à « mores pour èthikè » et à « moralia pour théôria » c’est ainsi que « la contemplation comportementale » aristotélicienne » se mua en « données morales ».

N’étant ni helléniste ni latiniste j’oserai me permettre de vous conseiller « chers lecteurs » de lire l’ouvrage de Monsieur Roger-Pol Droit pour élaborer votre propre entendement de ce que souhaite nous transmettre cet auteur.
Pour ma part je pense qu’une langue ne peut en traduire littéralement une autre. La transcription latine me semble plus restrictive que l’affirmation d’Aristote concernant la notion d’éthique ?!…

À partir de ces fondements nous nous interrogeons sur les différences significatives entre morale et éthique.
L’auteur de cet ouvrage n’entrevoit pas de césure convaincante à ce propos puisqu’il s’agirait dans les deux cas d’établir une distinction entre les comportements porteurs de valeurs positives et ceux qui au contraire peuvent se révéler dangereux, négatifs, immoraux ?!..

Pour ce philosophe la morale et l’éthique n’avaient autrefois pas de contenus linguistiques très différenciés ?!…
Actuellement avec l’avancée des sciences la morale serait devenue un concept statique dogmatique et presque désuet tandis que l’éthique concernerait des réflexions évolutives sur les comportements nouveaux et les systèmes de valeurs à adopter en fonction des modifications sociétales, médicales, technologiques … qui surgissent et déstabilisent nos systèmes de pensée.

De plus si la morale possède une fonction normative sur laquelle chacun peut s’appuyer pour faire société, L’ÉTHIQUE nous soumet à des choix qui permettraient à chacun d’entre nous d’effectuer une action juste or nous n’avons pas tous les mêmes références quant à la justesse des actes qu’il nous faudrait accomplir pour avoir un comportement adapté dans une situation donnée ou pour un projet à long terme.

En situation individuelle l’action juste consistera – pour certains – à pardonner un affront, pour d’autres, la vengeance sera nécessaire.
Il en va de même pour (ce qui pourrait être nommé « le collectif ») les nations par exemple dont les représentants peuvent opter (en simplifiant à outrance) pour la confrontation ou pour la négociation lorsque les deux parties se trouvent ponctuellement en conflit.
À ce niveau le traitement de l’action adaptée ne relèverait pas d’une morale rigide, dogmatique et statique mais d’une certaine ETHIQUE dont les références seraient universelles valables mais modulables pour le bien de tous en fonction des situations qui pourraient se présenter.
Mais je vous laisse avec Monsieur Roger-Pol Droit car si nous n’avons pas les mêmes références linguistiques il semble que nous ayons des références idéalistes non pas identiques mais peut-être assez similaires.
La MORALE est pour cet auteur une éthique générale et L’ÉTHIQUE une éthique appliquée à la situation qui se présente.
L’ÉTHIQUE impliquerait donc une réflexion par rapport à la morale qui nous a été inculquée lorsqu’une situation singulière nous obligerait à adopter un comportement nuancé ou parfois contraire aux règles morales qui nous ont été édictées.
Pour Monsieur Roger-Pol Droit l’éthique se transforme en éthique appliquée lorsque l’exacte attitude à adopter s’applique à des valeurs éthiques positives mais contradictoires.
Par exemple :
– Tu ne tueras pas ton prochain.
Tu dois défendre ta partie menacée par une autre nation belliqueuse.
Dans ce cas précis la morale ou l’éthique définie par Monsieur Roger-Pol Droit ne pourra servir l’action positive à accomplir c’est pourquoi notre philosophe a inventé la terminologie d’éthique appliquée pour dépasser les contradictions de deux assertions positives antagonistes afin de rechercher la solution salutaire à adopter.

Pour ma part, je considère que la « morale basique » doit se muer en ÉTHIQUE lorsque le danger impose une prise de décision responsable.
Mais tout cela n’est qu’une question de vocabulaire.
Et il faut bien reconnaître que le langage philosophique correspond à une langue particulière dont il faudrait faire l’apprentissage.

Cet ouvrage qui concerne l’ÉTHIQUE voudrait s’adresser à tous mais sera-t-il véritablement interprété de manière satisfaisante par « le menu peuple » dont je fais partie ?

À mon avis le support linguistique utilisé par cet écrivain reste très SCOLAIRE et ne saurait être véritablement décrypté que par nos étudiants hellénistes et latinistes assistés par l’accompagnement bienveillant de leur professeur.
Les manuels de vulgarisation sont parfois à la fois trop complexes et bien trop simplifiés pour s’adapter à l’intellectualité de Monsieur et/ou Madame « tout le monde ».

Mais si l’on poursuit l’étude de cet opuscule il se pourrait que les langages philosophique et spirituel parviennent parfois à s’unir pour affirmer une évidence inscrite dans notre nouveau testament christique : car toujours selon Monsieur Roger-Pol Droit, L’ÉTHIQUE : c’est d’abord le souci des autres.
Aimer son prochain comme soi-même est un aphorisme chrétien qui exprime au plus haut degré de sublimation le sens véritable du mot ÉTHIQUE.
Cette maxime semble naturellement trop idéaliste pour être réalisable par « les hommes de bonne volonté, » que nous souhaiterions être ou devenir.
Mais la signification du vocable qui nous préoccupe exige au moins d’essayer de ne pas nuire à autrui lorsque cela s’avère réalisable. Ainsi certains philosophes pensent que les idées éthiques ne sont pas des inventions humaines.
Selon Platon, par exemple, qui – par l’interprétation de quelques penseurs – identifiait Dieu à l’âme de la Nature ; donc selon Platon « le BIEN existerait dans le monde des idées comme le soleil existe dans le monde physique, c’est l’idée suprême qui illumine toutes les autres. Les êtres humains peuvent se tourner vers cette idée idéale par la pensée mais elle ne dépend ni de leur jugement ni de leurs actions. »
Ainsi la philosophie de Platon (qui identifie « L’ÉTHIQUE « comme un ensemble de vérités éternelles indépendantes de l’acceptation humaine qui les analyse où les accueille) rejoint L’ÉTHIQUE décrite par les religions « mono » ou « polythéistes ».

D’autres philosophes, comme – plus récemment Schopenhauer – ont émis une autre hypothèse qui ne m’apparaît guère différente de celle de Platon puisque l’éthique serait un mouvement naturel de l’âme.
Pour ce penseur la pitié qui nous habite lorsqu’une personne se trouve en danger nous invite à lui porter secours, ce mouvement d’assistance est pratiquement instinctif et donc naturel sans qu’aucune instance « Céleste » n’intervienne pour guider notre comportement ainsi L’ÉTHIQUE serait un mouvement spontané pratiquement inné.
(Seules les individualités qui auraient étouffé en eux la voix de la nature pourraient être dépourvues de pitié.) Cette théorie SEMBLE en parfaite adéquation avec celle qui a été décrite précédemment.
Là encore l’éthique n’est pas une invention humaine mais un mouvement naturel de l’âme qu’il faut savoir écouter.

Si nous poursuivons, avec Monsieur Roger-Pol Droit, notre voyage dans le temps nous voici réunis autour de la théorie de Jean-Paul Sartre qui revendique (sans l’imposer) son athéisme.
Nous découvrons avec cet auteur une interprétation totalement différente de celles qui ont été décrites précédemment.
Selon ce philosophe célèbre et contemporain (bien qu’il nous ait quitté en 1980), donc selon Jean-Paul Sartre ce serait les êtres humains qui ayant le souci les uns des autres créeraient des valeurs dans un monde qui en est dépourvu.
D’après cet écrivain les hommes auraient inventé l’éthique pour leur propre survie. Il affirme d’ailleurs : « nous décidons seuls et sans excuses ».

Il apparaît alors que chaque penseur (en ce qui concerne le vocable : « ÉTHIQUE ») a développé – selon son époque, son érudition et son histoire personnelle – sa propre interprétation du monème qui intéresse notre développement.
Depuis « la nuit des temps » la plupart des philosophes ont travaillé sur le concept de l’ÉTHIQUE, Spinoza a même utilisé ce vocable pour intituler le plus célèbre de ses ouvrages qui – selon Monsieur Roger-Pol Droit – présenterait « un système du monde complet afin d’expliquer comment vivre la vie la plus parfaite du monde » et par conséquent découvrir le bonheur d’exister.

Mais si différentes théories ont émergé au cours des siècles grâce aux « architectes de la pensée » l’ÉTHIQUE considérée comme l’expression du « BIEN « reste pour tous la VALEUR essentielle pour survivre et cohabiter harmonieusement sur une planète imprévisible dans sa révolution cosmique impénétrable.

En ces temps troublés cet ouvrage « sonne » « comme une piqûre de rappel » nous incitant à l’altruisme à l’entraide et à la solidarité.

Monsieur Roger-Pol Droit est un philosophe et journaliste français, chercheur au CNRS qui a également été conseillé du directeur général de l’UNESCO entre 1994 et 1999 et membre du comité consultatif national d’éthique pour les sciences de la vie et de la santé de 2007 à 2013 !..

Alors : tous à nos devoirs !..
Et que « l’éthique appliquée » au sens le plus sublime de ce concept parvienne à impulser nos actes et nos pensées pour qu’advienne en ce vaste monde pratiquement insondable … un élan d’altruisme et de générosité !…

Béatrysse Dartstray