Simone de Beauvoir LA FEMME INDÉPENDANTE Éditeur : folio – ISBN : 978-2-070-34383-6 EAN13 : 9782070343836 |
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La femme indépendante » n’est pas un livre mais un recueil de pensées qui trouve son origine au coeur d’une oeuvre magistrale publiée chez Gallimard en 1949.
Ce manuscrit en deux volumes intitulé « le deuxième sexe » serait lui même issu d’une revue codirigée par Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir ; pourtant les deux tomes de cet ouvrage portent uniquement une signature féminine : celle de la compagne de Sartre ? Née le 9 janvier 1908, Simone de Beauvoir nous a quitté le 14 avril 1986. Pourquoi a-t-elle interrogé aussi intensément nos existences et nos mémoires ? J’ai pensé trouver la réponse au sein de ce recueil qu’il m’a paru nécessaire de consulter. Compagne de Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir s’affirme au côté de son mentor pour lequel elle voue une amitié indéfectible, amitié magnifiée par une réciprocité exemplaire ; par conséquent Simone de Beauvoir et Jean-Paul Sartre forment un couple mythique aux identités non semblables mais indissociables de par leur intense complémentarité qui leur permettra de perdurer. Au sein de ce couple « l’homme »et la « femme » ne sauraient être indépendants puisque leurs plumes se lient se délient et se relient en fonction de leurs épopées, de leurs engagements de leurs épreuves, de leurs triomphes et de leurs renoncements qui se dénouent pour s’unifier dans une forme de pensée unique : celle de Jean-Paul Sartre qui finalisera et reprendra toutes les propositions philosophiques communes au sein d’un soit disant existentialisme athée dont Sartre se trouve être l’initiateur. Au regard de cette approche… de mon approche, qui ne peut être que subjective, le titre du document porté en couverture paraît déjà déraisonnable. Pas plus l’homme que la femme ne sauraient être « indépendants » lorsqu’ils acceptent de se soumettre aux caprices des mondanités. bourgeoises aussi évolutives soient-elles quitte à basculer vers un parti politique semi-socialiste difficilement déchiffrable à l’heure actuelle. Si la femme (ou bien l’homme) sans contraintes n’existe pas – pour l’instant – dans le creuset de nos destinées terrestres, Simone de Beauvoir aura tout au moins imaginé et/ou inventé « la femme indépendante » qu’elle se propose de nous révéler à travers sa propre existence… mais laissons la s’exprimer : » L’indépendance ne s’acquière que par un perpétuel désir de dépassement vers d’autres libertés, il n’y a d’autres justifications de l’existence présente que son expansion vers un avenir indéfiniment ouvert. Chaque fois que la transcendance retombe en immanence, il y a dégradation de l’existence en soi ; de la liberté en facticité. » Si les monèmes utilisés par l’auteure pour définir le concept de « l’indépendance » nous ravissent d’un point de vue formel ils se trouvent être en parfaite contradiction avec les concepts d’une « liberté, » et d’un « athéisme » acceptés et revendiqués par Simone de Beauvoir. Peu importe… la femme indépendante serait donc un être émancipé, avant gardiste, courageux, révolutionnaire mais respectueux des valeurs essentielles existentielles ? Prônant la liberté sexuelle, Simone de Beauvoir se veut féministe, c’est-à-dire non seulement l’égale de l’homme mais plus exactement son SEMBLABLE (page 104). Cette assertion me laisse perplexe : nous voilà en pleine fiction, les femmes – selon Simone de Beauvoir – devront-elles fusionner – dans un avenir plus ou moins proche – avec l’entité masculine pour devenir au cours des âges des humanoïdes complets en des corps parfaitement androgynes asexués signifiant l’extinction d’une humanité déshumanisée ? La réalité rejoint très souvent la fiction quand toutes les conditions se trouvent requises pour instaurer les grands bouleversements planétaires. Rassurons-nous si Simone de Beauvoir a refusé – en toute liberté – de ne pas « enfanter », d’être libre et responsable de sa sexualité, elle ne souhaite pas délibérément la mort de l’humanité comme ses détracteurs ont bien voulu l’imaginer. Si nous voulions devenir tous semblables, nos enveloppes corporelles pourraient nous rappeler l’évidence de nos complémentarités. L’homme « indépendant » ne peut exister d’un point de vue terrestre mais il a le pouvoir de s’émanciper. Il en est de même pour la femme qui a par surcroît le devoir de ne pas s’exposer au risque de la maternité lorsque d’autres projets viennent la visiter. Malgré ou grâce aux contradictions qui conduisent Simone de Beauvoir à explorer des vérités et des contre vérités – d’ailleurs fort habilement – cette femme de lettres nous encourage à exister en dépassant avec lucidité les préceptes et les préjugés désuets qui oblitèrent nos capacités à évoluer. |
Béatrysse Dartstray |